Les Fractales font vivre mon Univers...
  Nouvelles (écriture de)
 



Mes Nouvelles


En lisant ces nouvelles que j'aime écrire, vous trouverez les titres suivants :


Le PASSE - TEMPS
(une vie en raccourci)


JE ME SOUVIENS...
(souvenirs d'enfance)


Nos Chattes
(adoption double)


Ah…les BANQUETS !
(une histoire à la DUBOUT)


Le MOULIN
(rêve férroviaire)


Impressions
(chronique villageoise)
=*=*=*=








                                                                           


Le PASSE - TEMPS

 

 

 

L’air était sec, très sec, tellement glacé, qu’il me faisait penser à une lame de rasoir sur une peau sensible. 

Mon père savait être coupant comme ce vent 
du nord, pour interrompre tout accès de tendresse…pauvre maman à l’écoute 
toujours de son saint homme. 
 
   Oui elle le vénérait comme un saint, alors que machisme et sadisme se terraient en lui, 
prêts à bondir sur quelque proie de la famille…
famille que je vous hais ! 

Après vous avoir longtemps aimée, ayant cru au mirage de l’affection simulée, alors qu’il n’y avait que désert de sentiments envers les deux garçons…
l’aîné que l’on me disait plus désiré 
que moi-même, l’inattendu…
 
La guerre et ses privations n’expliquaient pas tout.
 Dans cette famille, comme dehors en plein hiver, tout était calculé pour aider à trébucher ou au mieux pour cacher sous une couche de sollicitude, mince comme une pellicule de glace sur un étang, le piège qui, tôt ou tard finirait par vous laminer, vous avilir.
 
 Les paroles dures, blessantes, comme des branches tombant sous la force du blizzard, ne nous laissaient pas un instant de répit, pas une plus petite marque de compassion pour la vie que l’on nous obligeait à subir…les soins les plus essentiels étant assumés par ailleurs. Parfois même les coups, les sévices remplaçaient les insultes.
 
  Les fêtes de famille avortées au dernier moment pour une note que le père trouvait insuffisante, les cadeaux repoussés à plus tard, compte tenu des contraintes du travail à faire pour le lycée le soir.
 
  Les fêtes de famille, je ne les ai connues que pour les autres, naissances, baptêmes, rencontres entre amis, amours, mariages, enfin le cycle perpétuel de la vie ! Mais voilà, jeune on fait confiance aux adultes…surtout en son père et en sa mère. Ce n’était pas la famille Thénardier, loin s’en faut, nous ne manquions de rien, sauf d’affection, de tendresse et de fêtes !
 
Puis un jour on grandit, on part à la guerre…et on en revient plein d’espoirs à nouveau déçus. Alors là, on se dit que l’on aura des joies dans la vie que l’on se fera…que l’on se vengera !

 


Les années passent, les copains, tels des étoiles, vont et viennent. Un jour enfin quelqu’un nous sourit vraiment. On a rencontré le grand amour…on se blottit dans ses bras.
 Je vous assure, ces jours là on est heureux et l’on tente de déverser les torrents de tendresses tant retenus, pour sa bien aimée, toujours équipière à plein temps. 
 
     Oui c’est une fête de famille que ce couple qui s’aime…
Encore un temps et vient l’enfant, un chérubin rêvé, facile à vivre, plein de sourires, qui grandit entre nous et nous fait apprécier les joies de la famille. Quelle fête perpétuelle !
 
 Le couple se fraie son chemin sur cette route parfois enneigée, d’autres fois pleine d’ornières, mais on lutte pour que l’enfant grandisse sans être trop éclaboussé.
 
  Ma mère, pauvre femme agonisa en province, de longues années…je l’ai soutenue au maximum.
                           Vingt ans plus tard, le décès de mon père me fut annoncé par un notaire 180 jours après sa mort. 
                           Ce fut une belle fête pour nous deux…les dents du diable crissaient dans la pénombre.
 
  Notre enfant adorée, nous ne l’avons vraiment pas vue grandir. Hélas, elle se marie avec un être bizarre, que nous ne comprenons pas et qui gâche la fête du mariage de notre unique enfant.
 
 Le temps passe…une, puis une autre petite fille naissent, l’autre famille se construit loin de nous…on se rappelle notre enfance à tous les deux, sans beaucoup de fêtes…nous semblons être tristes, mais néanmoins unis.
 
 Deux ans de silence dans un automne permanent…et puis un coup de téléphone…Katell qui rit et qui nous communique sa joie, son bonheur de nous entendre à nouveau. Autour d’elle j’entends dans l’écouteur sa sœur Coline rire aux éclats, et danser autour de son aînée…
 
      Depuis, du courrier que nous échangeons 
      comme autant de cadeaux sans prix…

 

 

Voilà enfin un nouveau bonheur est là…une fille qui se rapproche, des petites filles pleines de vie, qui nous font tous les jours des fêtes de famille…Quel bonheur d’avoir trouver enfin une telle espérance de fêtes pour très très longtemps !





JE ME SOUVIENS...

Je me souviens, dans mon enfance, d’avoir vécu une espèce de miracle de l’amour filial…après avoir fait un pari avec mon seul petit copain réfugié dans cette ferme…d’avoir frappé trois fois sur le mur avec une grosse pierre…pour conjurer cet isolement involontaire…pour retrouver mes parents…le pari gagné…je m’en souviens…le portail qui s’ouvre…maman toute auréolée de lumière…elle rentre dans la cour…se précipite sur moi…et m’étreint fort…très fort…trop fort…j’étouffe…puis je pleure de soulagement…

 

Je me souviens, dans cette colonie dite « de vacances », les petits réfugiés dans la zone libre que nous étions…la nuit de Noël…ce ciel rouge…ce réveil collectif brutal dans l’immense chambrée…ces dizaines de marmots…garçonnets de tous âges…précipités dans le réfectoire...EN PLEINE NUIT !!! …ces dizaines d’assiettes remplies d’œufs à la neige…cette découverte…ce délice…jusqu’à l’ouverture théâtrale de cette porte tout en haut de l’escalier…et cette femme forte et autoritaire…déclamant telle une nouvelle Sarah…à cet officier de la WEHRMACHT : …voilà nos œufs…mon capitaine !





Nos Chattes


Notre fille, à l'époque où elle ne nous prenait pas 
encore pour des vieux C..s, téléphona à sa mère, 
pour lui annoncer qu'elle voulait se séparer 
d'une portée de chatons, les chattes de leur 
foyer ayant couru...le chat !

 

je suis ce que l'on peut appeler 
"Un homme à Chats"
...ils m'ont permis de vivre pendant la guerre, 
ces chats sauvages…et je leur en serait 
reconnaissant jusqu'à la fin...

 

A la question de mon poussin (mon épouse) 
j'ai donc répondu favorablement. 
Plusieurs jours plus tard...
notre bien aimée fille unique...
annonce à sa maman, qu'elle a un petit...
surplus de stock. 

 

Par expérience...à la question de mon poussin 
je réponds...deux chattes soeurs…OK  
elles s'ennuieront moins en appartement.

 

Ma femme partit donc par le train à NEVERS 
chercher les 2 soeurs, pas tigrées...
mais avec des taches disposées en lignes 
parallèles...400 kms de chemin de fer, 
Un changement de train...1/2 heure de route 
+ les "Abribus" destinés aux bébés...
bref une épopée !!!

 

48 heures après, j'attendais ma p'tite 
femme à la gare, et nous rentrâmes avec les maisons...ambulantes pour chats.

 

Naturellement sans nous disputer, 
ma femme et moi décidions d'adopter chacun 
la nôtre...et la mienne, comme seule 
marque de repérage avait une tache rose 
(elle l'a toujours) sur la patte 
avant droite, au niveau des ongles, 
et le coussinet tout rose...Leurs noms :

 

 

Comme dans la mémoire populaire française, 
le chat s'appelle MISTIGRI, nous décidâmes, 
pourquoi faire simple quand on peut 
être compliqué ? ma femme voulut appeler 
sa minette : MISTI, qui devint 
MITSI puis devint MIMI .

La mienne fut affublée du nom de GRIGRI...
non non, ne niez pas, c'est très 'ORIGINAL' !
Pour finir en GRIBOUILLE.

 


Je vous ai cassé les pieds pour vous narrer 
ce qui est BEAU...si si si et qui nous 
a beaucoup émus mon poussin et son chaton...

 

APRES UN MOIS de sevrage, 
CHAQUE CHATTE ADOPTA celui ou celle 
QUI L'AVAIT CHOISIE...
  

 

Depuis nous sommes quatre...nous habitons 
dans une maison/duplex avec un étage...
GRIBOUILLE est à mes pieds quand elle ne 
s'installe pas sur mon clavier 
(j'écris et je dessinne beaucoup), 
et son territoire est dans mes 
pièces au 1er étage.

Quant à MIMI, elle vit au rez de chaussée, 
sur le tabouret où ma dulcinée repose ses 
jambes devant la télé ou pendant ses lectures...
sa chatte entre ses pieds.





Ah…les BANQUETS !

Dans un pays de vignobles, réputé pour l’ensemble 
de ses productions, il existe depuis quelques années, 
une évolution des exploitations viticoles leur 
permettant de louer des bâtiments transformés pour 
des banquets de gens heureux et aussi pour des 
réunions de familles rassemblées pour quelque événement douloureux, resserrant les liens de 
leurs membres par ailleurs dispersés.

 

 

 

Dans l’histoire que je vais vous narrer, le hasard fit 
certainement aussi bien les choses, que la vie nous 
réserve de surprises.

 

 

 

 

Le même jour, dans deux bâtiments de la même exploitation, 
se retrouvèrent deux groupes d’invités ! Bien que chacun 
dans une salle distincte, la malice du sort fût que la salle 
prévue pour un mariage ne se trouvait qu’à vingt cinq 
mètres de celle prévue pour une réunion de 
clôture d’enterrement ! Bien entendu, les services 
administratifs du vignoble avaient quant à eux, 
estimé la distance suffisante pour que les deux groupes 
ni ne se rencontrent, ni ne se gênent au cours 
de leurs réunions,  joyeuses pour l’un et de 
recueillement pour l’autre.

 

 

 

 

Oui…mais voilà…les caprices du destin firent qu’au 
cours d’un rassemblement assez important de convives, 
il y aura toujours quelques retardataires un peu étourdis ! 
Or, les deux groupes rassemblaient des convives 
demeurant dans le même village. Pour ne pas céder 
aux habitudes ancestrales de se vêtir de noir pour un deuil 
et de blanc ou de couleurs vives pour un mariage, les gens préféraient porter ces jours là, des costumes plutôt gris…L’intérêt aussi de cette décision était que, bien rangé sous 
sa housse dans un placard, le costume des hommes ou 
le tailleur et le chapeau des dames ressortait à l’état 
quasiment neuf de sa  prison, 
pour ces grandes occasions !

Ici…il n’y eût que deux couples retardataires…un jeune, 
invité au mariage et, un autre composé de personnes 
beaucoup plus âgées qui s’était déjà rendue au cimetière.

 

Malheureusement pour eux, ils se trompèrent 
réciproquement de salle. L’espèce d’uniformité de 
la salle et de la vêture des convives n’éveillèrent pas 
de suite la méfiance de chacun d’eux… : ni la mauvaise 
vue des uns, ni l’indifférence des autres…vous pensez… dérangés au dernier moment…firent que nos 
retardataires s’installèrent naturellement aux places 
laissées vides…et pour cause !

 

Les seniors furent bien sûr assez étonnés du toast porté…
à la défunte, mais…LE VIEUX QUI SAVAIT TOUT, expliqua 
à sa compagne que la cérémonie de l’enterrement 
matérialisait dans certains milieux, le voyage indispensable 
que l’on doit faire pour atteindre le paradis ! 
Le défunt ainsi, faisait le voyage d’enterrement de 
sa vie d’homme, alors que, parallèlement, la femme l’accompagnait, comme auparavant dans les méandres 
du labyrinthe de l'existence…

 

Le jeune couple, quant à lui, curiosité due à l’écart 
de génération, imagina le sérieux des convives, animé 
par le respect de « l’enterrement de la vie de célibataire ». 
Autre temps, autres mœurs.

 

Le traditionnel toast effectué dans les deux groupes de convives, le retard du service du plat de résistance 
(et pour cause…2 grandes réunions simultanées !), 
permit à beaucoup de langues, qui de se délier, 
qui de devenir plus acérées, en tout état de cause 
de faire que le niveau des murmures progressa au point 
que tout ce beau monde dissertait allégrement sur telle 
ou telle affaire de vente de bétail ou de lopin de terre ;..
voire de 
construction de clôtures. 

Quand les agapes tant attendues purent réellement 
commencer, le masticage plus ou moins discret de chacun, 
les glouglous et re-glouglous des verres de vin de toute 
couleur, détendirent l’atmosphère des « banquets » .

 

Arrivé au dessert, les jeunes s’étonnèrent de la tristesse 
des gâteaux servis, une espèce de baba « aqua-rhum », 
servis avec une boisson sirupeuse comme du sirop d’érable 
et infecte au goût…alors que 
« MONSIEUR JE SAIS TOUT »
et son p’tit bout de femme, s’étonnait d’entendre 
des chants accompagner une pièce montée dominée 
par le traditionnel couple de jeunes mariés, 
en habit du dimanche. Peut-être ces miniatures 
symbolisait-elle la fin de la vie commune, comme 
cela se produit et se produira tant et tant de fois !

 

Déçus par l’ambiance plutôt morose de la réunion, 
et par la médiocrité des plats, de la boisson, 
des conversations secrètes, le jeune convive se décida, 
dopé par une certaine dose d’alcool, à pousser la 
chansonnette, et à s’élancer dans le répertoire des 
chansons à boire…au risque de mélanger 
d’ailleurs les couplets ! 

La fatigue physique des uns et des autres, 
le trop plein de garde du ‘quant à soi’ finirent par être submergés par une explosion saccadée d’éclats de rire, entrecoupée de pleurs, et qui commença par démarrer 
à gauche de sa compagne pour faire le tour 
de l’énorme tablée de convives…

une demi-heure après ce qui n’aurait 
pu être qu’un accident nerveux, se transformait 
en exécution systématique du répertoire des chansons 
de corps de garde…en passant par hasard par 
« les filles de Camaret », les « trois orfèvres » ou 
« sur la route de Louviers »…
Toute la salle finit par chanter en chœur, 
en mémoire de ce brave défunt, la totalité des chansons 
les plus osées que celui-ci leur avait déversé durant sa vie.

 

Les rumeurs de chants avinés, de gosiers écorchés, 
de voix trop haut perchées, atteignirent assez vite 
les ouïes des convivesenterrant eux, 
une vraie vie de garçon…et, 
comme la majorité des invités connaissait le même 
répertoire que celui colporté par des effluves aériennes, 
une petite souris, toute mignonne constata qu’après avoir 
abattu les barrières des conventions, les deux assemblées chantaient à tue-tête d’abord, involontairement en canon, 
puis à l’unisson le fameux « j’irai revoir ma Blonde… ». 
D’unir les chants, par voix interposées entraîna les 
convives du mariage, à se lever de leur banc…
voulant partager avec ces autres, la liesse de joyeux 
exploits…et, malgré les vingt cinq mètres,

l’on pût voir se déployer une espèce de drapeau 
international de fond gris, de visages déjà plus ou 
moins rubiconds, de corps agités de centaines de 
petits pas ou de dizaines d’enjambées, suivant la taille, 
la robustesse, et bien sûr l’habitude de courir de 
cette mini marée, qui encercla la porte d’entrée 
de l’autre bâtiment avant de s’engouffrer difficilement 
par les portes éventrées de cette salle d’où avaient 
surgis les démons de l’enfer.

 

J’arrêterai ici ce récit de fêtes de familles, qui aurait 
pu si mal tourner, en concluant par cette solennelle 
sentence éructée par un des pleureurs du défunt :

 

« Il a bien fait …de …mourir…EDOUARD…
y s’rappellera de ses obsèques…NON ? »

 

Comme quoi, il n’y eût pas que des caprices du hasard…
comme je pensais au début de ce récit…
mais aussi l’intervention de malignités de 
BACCHUS ! 





Le MOULIN

La pluie frappait comme  un nuage de sauterelles

dans le désert.

Accoudé sur le rebord intérieur de la fenêtre…
je la regardais tomber…

Sans arrêt…

 

Sans arrêt tombait-elle sur les vitres de ma 
mansarde…en Normandie…

A Condé sur Huisne…glaciale…les gouttes 
violemment heurtaient la surface de la rivière…
que je voyais au travers les aubes…
la roue du Moulin…

 

Je ne voulais sortir…je refusais de 
combattre cette humide hostilité glaciale…

 Je pestais…contre le Soleil absent…
contre la Normandie par trop verdoyante…

 

Pas étonnant pestais-je…cette région…ces près
peuvent être verts…avec toute cette eau qui 
chute du ciel…violente…glacée à vous donner…
la mort…la crève en tout cas…

 

Pas de bois, pas de chauffage…qui aurait 
idée de stocker du bois en plein été…
dans la salle à manger…pour chauffer !

 

En plus de toute cette ambiance aquatique…
la cendre mouillée…une âcre odeur de brûlé…
humide…et froid…

 

Emmitouflé dans mon manteau de laine…
rendez-vous compte…porter un manteau 
de laine en été…vous vous rendez compte…
il faut être un peu timbré, ou gravement malade…

 

Non…non…je me sais ne pas être malade…
je suis frigorifié…à travers les arbres…non loin 
de la fenêtre…je surveille entre les troncs…
la rivière si chatoyante…parfois…
sous la lumière du soleil…

 

C’est ça la Normandie…de grandes routes…
bien longues…traversant discrètement 
des champs immenses…c’est connu…
les normands sont riches…et radins…
sauf pour la terre…

 

Quelle idée d’avoir acheté ce moulin à eau…
avoir fait remettre en état la roue à aubes…
belle pièce…de menuiserie…qui m’a coûté 
très cher…le menuisier charpentier qui me 
l’a reconstruite…m’a garanti qu’elle 
supporterait son travail pendant cent ans…
pensez d’un investissement…
je ne vivrai jamais cent ans de plus…
ou alors…c’est que la Normandie 
m’aura bien conservé…

 

Revenons sur terre, prisonnier que je suis 
de ce local vétuste…humide et froid…face à ce 
colossal foyer bien éteint…où il y a quelques 
mois…j’avais grillé des châtaignes…

 

Je me croirai prisonnier d’un quelconque 
maléfice…emprisonné dans des liens 
invisibles que tisse cette humidité pluviale…
et cette rivière dont doucement les eaux 
empiètent sur les berges…

 

Que ne donnerai-je pour avoir chaud…
un simple rayon de soleil, qui réchaufferait 
les vitres…pour sortir dans cette campagne 
que j’adore…

 

 

Fasse le Ciel…que ces rafales s’arrêtent…
nom de D… !

 


Soudain…Miracle…devant moi…

 

Un rayon de soleil ? Demanderiez-vous…

 

Non…beaucoup mieux…

 

Ah bon ?...diriez vous d’un air étonné…

 

Oui…il y a brutalement du soleil…
mais en plus…Une biche avec son faon…
à deux pas de ma fenêtre…

 

Les deux animaux paisibles…
absolument pas en alerte…

 

Le faon tête sa mère…tandis que celle-ci broute 
de tendres pousses sur l’arbre…face à mon logis…

 

Que c’est beau…ce spectacle…
dois-je sortir…

 

Mais non… le soleil doit jeter de violents 
éclats de lumière sur mes vitres…
les deux animaux ne peuvent me voir…

 

 

Un moineau…se trompant d’aire d’atterrissage 
vient de se poser sur le dos de la jeune mère…

 


Si j’avais mon Nikon sous la main…
je prendrais une magnifique photo…
un vieil arbre humidifié par la pluie…des éclats 
de soleil sur son écorce, une biche…
un moineau…picorant des insectes…
dans la fourrure de la jeune mère…
tout en fixant sur la pellicule…
le faon la tête glissée…tordue sous 
le poitrail de sa génitrice…quelle beauté…
en train de se nourrir…
le cycle de la nature…ce moineau transportant…
sans le savoir…des graines…pour de 
futurs arbustes…poussant autour de moi…
quelle chance d’admirer cette beauté…

 

Le spectacle est divin…les rayons du soleil 
persistent…l’eau qui coule en rigoles parallèles 
sur la vitre…commence à s’évaporer …
je vois mieux ce tableau champêtre…

 

J’ai décidé de ne pas sortir…la cinquième de 
Beethoven en fond sonore s’adapterait 
parfaitement à cette vision idyllique…de la nature,
me réconciliant avec cette verdoyante région…

 

N’ayant pas de tourne disques dans ce moulin…
il me reste à me chanter doucement dans la tête 
cette magnifique séquence de « Soleil Vert »…
ce film où un vieil homme qui a fait son temps…
décide de mourir au son de cette musique…
la vue de ces feuillages…de ces dômes 
extrêmement colorés de cette forêt américaine…

 

Que je perde mon temps à regarder cette scène champêtre…non…non…je ne perds pas mon 
temps…cela fait du bien d’écouter la nature…

 

L’oiseau s’est envolé…la biche et son faon 
se sont inconsciemment rapprochés de ma fenêtre…
les flaques de boues…les feuilles au sol…
n’ont pas l’air de les gêner…que c’est beau…
la Vie de la Nature…

 

 Que se passe-t-il…la musique se fait plus forte…
elle envahit tout mon crâne…une si belle 
musique…qui m’agresse…je ne comprends pas…

 

- Chaton…réveille-toi…bon sang…
chaton réveille toi… ! 
On est bientôt arrivés à 
Condé sur Huisne…allez ouste…
debout…on descend…

 

Fini le champêtre spectacle…
finie la confiance des biches…
finies les audaces des oiseaux…

 

 

Nous sommes arrivés…
Nous allons chez le Notaire…

 


Pour signer…

 

Pour signer l’acquisition du moulin…
tout ça pour une roue à aubes…
ma femme a de ses idées parfois…enfin…
cédons…on aura peut être de la chance…
qui sait ?




Impressions


Comme dans toute réception festive,
il y a de par la campagne, des gens, 
des voisins, des convives, des amis 
qui adorent faire des commentaires, 
voire échanger des impressions entre complices,
sur les gestes étonnants, les travers de caractère, 
les pensées confuses…exécutés, dévoilés, 
émises par le, la ou les victimes 
plus ou moins désignées.

En exemple, prenez Pierre le bedeau…

Dans son village, sa vie courante de bedeau 
est réglée, ordonnancée par le planning 
très précis de monsieur le curé ! 
Pierre a donc pour habitude de se laisser 
guider par les différentes charges qui lui 
incombent ainsi…

Préparer les accessoires de la messe…
Sonner les cloches…pour les mariages, 
les communions, Carillonner à tout va 
pour un baptême…

Sonner lourdement pour un enterrement…

Mais tout cela s’arrête malheureusement 
à une certaine heure, voire à une heure certaine…

Que fait alors un bedeau comme Pierre ? 
Une fois toutes ses charges de la journée 
réalisées…que va-t-il faire, libre de son temps ? 
Comment passer les quelques heures 
de temps libre avant le coucher ?

Eh bien, esseulé, il se rend au café du village…

Vous savez, dans beaucoup de villages de 
France, face à l’église, sur la place, souvent 
il est aisé de trouver une boulangerie pâtisserie,  
mais aussi un café, un estaminet, un troquet, 
une gargote, suivant le vocable de la région…
pour se régaler le gosier…pour tarir cette 
soif due aux chants de la messe, comme 
plus tard en fin de repas, sera remercié 
le seigneur pour la dégustation de gâteaux 
si tentants en vitrine…

Pierre a donc Sa table, Sa chaise, 
Son panorama sur la rue, tout cela 
journellement réservés en l’honneur de sa 
présence systématique en fin de journée.

C’est ainsi que, la succession régulière de 
petits verres, de demis, de grands verres, 
de cafés bien serrés ou non, des alcools 
blancs, rouge, ivoire, dorés, avec ou sans eau, 
avec ou sans mousse, avec ou sans sucre…
égrène les quelques heures de détente 
du personnage…mais aussi graduellement 
fait monter la température 
interne du brave homme !


Confiné dans la salle commune du bistrot, 
Pierre n’a d’autres solutions, pour monnayer 
ses boissons successives, que d’échanger 
des avis plus ou moins sérieux, que 
d’émettre des commentaires…

Sur le dernier match perdu, voire sur toute 
l’histoire de ce club de football 
campagnard mais ambitieux…

Sur le comportement moral de la mercière, 
qui sous un comportement de bigote, 
cache le tempérament de feu d’une Messaline 
sans pudeur, avec un amant de vint ans 
plus jeune qu’elle ! rendez vous compte…
VINGT ANS …elle pourrait être 
SA MERE…quelle horreur !!!

Sur la boulangère aussi Pierre 
fait des commentaires…


Oui mais pour elle, le brave homme n’a que 
des paroles mielleuses, onctueuses dirait 
monsieur le curé …contre remise journalière 
de petits paquets de gâteaux invendus…
mais aussi parce qu’elle vend du pain…
et que dans toutes les familles chrétiennes…
le pain est sacré…un don de Dieu !

Il ne lui déplaît pas à Pierre le bedeau, 
de s’amuser avec ses complices, toujours 
les mêmes, de vanter, de parler, de critiquer 
les formes de telle ou telle personne, 
accorte, aride, sèche, maniaque qui 
fréquente le bénitier…de celle pauvre qui ne 
sait quoi faire pour le bonheur de ses enfants…

Pas comme celle-là, qui, sous prétexte 
d’être riche, et de donner au Seigneur de 
grosses sommes pour être rachetée de ses 
pêchés, de ses intrigues, de ses soirées 
mondaines ignore systématiquement 
le petit peuple…pour ne courtiser que les 
édiles du village, dont bien entendu, 
vous comprenez fait partie monsieur le Curé…

La patronne de l’estaminet, rassurez vous 
n’échappe pas au scénario vespéral du 
saint homme…

Ses appréciations sont par contre balancées, 
parce que dans les deux sens…

Figurez-vous que celle-là sait être fort 
aimable pour vendre ses mixtures durant 
la journée, mais n’hésite pas certains soirs, 
à le VIRER, à l’ejecter de la salle du bistrot, 
avec un langage, des expressions dignes 
du vocabulaire le plus argotique du cru…

- Ah si monsieur le Curé savait ça !!!

Ou

- C’est-y pas une honte…de s’mettre 
dans des états pareils…

Etc.…etc.…etc.…

Une fois sorti du café, Pierre le bedeau du 
village, que son départ soit volontaire ou 
décidé par la patronne, n’a plus qu’une envie…
s’allonger sur son lit douillet…jusqu’au 
lendemain matin cinq heures !

Pendant ce sommeil du juste…
il reste au Bon Dieu à trier le bon grain de 
l’ivraie de cette liste de critiques, pour 
absoudre ou punir selon ses principes !



(les nouvelles précédentes, sont des
reprises des nouvelles de claude19)



 

 
 
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